Propriétaire ou locataire : qui doit réaliser les travaux de peinture ?

Repeindre, ce n’est pas juste une question de goût. À la sortie d’un bail, un locataire peut se retrouver sommé de rafraîchir les murs, même si seules les années ont opéré leur œuvre. Pourtant, la justice tranche parfois dans l’autre sens, surtout quand la couleur initiale détonne ou que la qualité du revêtement laisse à désirer. Parfois, c’est au propriétaire d’assumer la note, du moins en l’absence de dégradations patentes.

La ligne entre entretien courant et remise en état à la charge du bailleur n’a rien d’évident : jurisprudence dense, clauses de bail ambiguës, chaque cas finit par alimenter une liste d’exceptions. Les conséquences au portefeuille, elles, fluctuent selon l’origine des travaux et les termes exacts du contrat.

Propriétaire ou locataire : ce que dit la loi sur les travaux de peinture

Les textes ne laissent pas la place au hasard sur la question des travaux de peinture : bail, responsabilités, limites. Le contrat de location pose le cadre, mais il ne peut pas tout permettre. Certaines règles, dictées par la loi, restent inamovibles, qu’importe la volonté des parties.

Le décret du 26 août 1987, référence dans le secteur immobilier, attribue au locataire la charge de l’entretien courant. Cela inclut les petites réparations, les retouches, parfois un léger rafraîchissement. Mais dès qu’il s’agit de vétusté, de défaut structurel ou de non-conformité, la balle passe dans le camp du propriétaire. Autrement dit :

  • Locataire : il doit s’occuper des petites reprises, effacer les salissures, faire les retouches qui s’imposent après un usage normal.
  • Propriétaire : quand la peinture s’effrite à cause de l’âge du bâtiment, ou qu’une rénovation générale s’impose, c’est à lui d’agir.

Le bail doit décrire l’état des lieux à l’arrivée. Un état des lieux précis, signé par les deux parties, limite les surprises. Si, au départ, les murs affichent des détériorations manifestes, le locataire peut se voir réclamer une participation. À l’inverse, si les murs vieillissent simplement, c’est au bailleur de gérer.

Autre point de vigilance : la peinture propriétaire ou locataire se joue aussi sur le terrain de l’assurance habitation. Selon le contrat, l’assurance peut soutenir l’un ou l’autre en cas de dégât. Pour trancher, la fameuse grille de vétusté, souvent annexée au bail, sert de boussole dans les situations litigieuses.

Qui prend en charge la peinture en fonction des situations courantes ?

Qui paie quoi ? La réponse dépend du contexte, de l’état du bien à l’entrée, et de l’usure accumulée au fil des années. Quand vient l’heure de quitter les lieux, la question de la peinture refait surface lors de l’état des lieux de sortie.

Le critère décisif reste celui de l’usure normale. Un mur qui a simplement perdu de son éclat, jauni par le temps, relève de la vétusté. Ici, le propriétaire doit mettre la main à la poche. En revanche, si les murs sont couverts de taches, de gribouillis ou de dégâts évidents, la responsabilité du locataire est engagée. Il devra alors financer la remise en état ou accepter une retenue sur le dépôt de garantie.

Pour mieux comprendre les différentes situations, voici les cas de figure les plus fréquents :

  • Usure normale : la grille de vétusté, annexée au bail, précise la part supportée par chaque partie. C’est la référence en cas de contestation.
  • Dégradations anormales : le locataire règle la note. La moindre retenue sur le dépôt de garantie doit être justifiée dans le procès-verbal d’état des lieux.

Quand une rénovation complète s’impose, par exemple après travaux structurels, c’est le propriétaire bailleur qui doit financer l’ensemble, peinture comprise. Pour le locataire, l’entretien courant suffit : un nettoyage, quelques retouches, et le tour est joué.

Pour limiter les litiges, la grille de vétusté signée au début du bail reste la meilleure solution : elle rend le partage des coûts prévisible et protège chaque partie en clarifiant les règles dès l’entrée.

Peut-on imposer des travaux ou refuser une demande ?

La peinture reste un terrain de tension classique entre propriétaire et locataire. Sur le principe, le locataire a le droit d’apporter une touche personnelle à son logement. Mais il y a des limites. Les couleurs extravagantes, les murs sombres ou bariolés peuvent être refusés par le bailleur au moment du départ. Ce qui compte, c’est la facilité à remettre les lieux en état standard.

Du côté du propriétaire, impossible d’imposer au locataire une remise en peinture totale, sauf si l’entretien courant n’a pas été assuré ou en cas de dégradation manifeste. Vouloir moderniser le bien, c’est son droit, mais il ne peut exiger la participation du locataire sans motif valable. Si l’habitat n’est plus sain ou décent, il doit prendre en charge les travaux, peinture comprise, pour rétablir les conditions minimales.

Voici ce qu’il faut retenir sur les droits et limites de chacun :

  • Demande du locataire : repeindre les murs pour améliorer l’esthétique est possible, tant que le logement sera rendu propre et neutre à la sortie.
  • Refus du propriétaire : il peut s’opposer si la transformation complique la restitution ou dévalorise l’appartement.
  • Travaux imposés : uniquement si le logement tombe sous le seuil de décence ou de salubrité.

Pour éviter que la situation ne s’enlise, privilégier la trace écrite change tout. Un mail ou un courrier permet de cadrer chaque demande ou refus. En cas de blocage persistant, le service client de l’agence immobilière peut servir de médiateur et aider à trouver une solution équitable.

Peintre professionnel en train de peindre un mur dans un appartement

Conseils pratiques pour éviter les litiges autour de la peinture

Les désaccords sur la peinture apparaissent souvent par manque de clarté. Avant d’ouvrir le pot de peinture, prenez le temps de poser les règles du jeu. Un message écrit, que ce soit par mail ou courrier, permet d’éviter les mauvaises surprises. Précisez le type de peinture envisagé : mat, satiné, ou brillant. Ce choix influence directement la perception de propreté et la simplicité des retouches lors de l’état des lieux final.

Pour limiter les risques de litige, suivez ces recommandations :

  • Optez pour le mat si vous souhaitez masquer les petites imperfections, le satiné si vous cherchez une surface facile à nettoyer, le brillant pour les pièces soumises à l’humidité.
  • Gardez en mémoire les références exactes des couleurs et des finitions utilisées. Cela simplifie les raccords en cas de reprise, surtout après un dégât ou une réparation ponctuelle.
  • Rassemblez factures et devis : le prix au m2 varie de façon marquée d’une région à l’autre et selon la gamme de produits. Un devis conservé peut faire la différence en cas de contestation.

En gestion locative, chaque détail pèse. Mieux vaut anticiper : l’état du logement à l’entrée, les réparations éventuelles, ou le niveau d’usure naturelle. La grille de vétusté, annexée au bail, reste une valeur sûre pour départager les responsabilités lors de la restitution. Un état des lieux complet, accompagné de photos, offre une sécurité précieuse.

Enfin, pensez à l’impact des travaux de peinture sur le DPE (diagnostic de performance énergétique). Un rafraîchissement bien mené peut améliorer la sensation de confort thermique, une donnée à ne pas négliger sur le marché immobilier français.

En matière de peinture, chaque détail écrit, chaque nuance choisie, chaque photo prise façonne l’issue d’un litige. Entre brosse et signature, la frontière est parfois plus fine qu’un trait de pinceau.

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